Dans les livres à relire :
LE LYS DANS LA VALLÉE
« La comtesse m’enveloppait dans les nourricières protections, dans les blanches draperies d’un amour tout maternel ; tandis que mon amour, séraphique en sa présence, devenez loin d’elle, mordant et altéré comme un fer rouge ; je l’aimais d’un double amour qui décochait tour à tour les mille flèches du désir, et les perdait au ciel où elles se mouraient dans un éther infranchissable »
Son vocabulaire extraordinairement riche, agace certains et en ravit d’autres. Pour ma part j’apprécie la lecture de ces pages loin d’être monotone ; où la richesse descriptive de la nature, fleurs et parfums est remarquable, tout comme est remarquable la vision de Balzac sur la société des hommes, quand il fait écrire à Madame de Mortsauf ses recommandations à Félix pour qu’il ne tombe pas dans le piège des vanités et de la superficialité des gens de cour.
Les gens de cour ne sont plus là, d’autres les ont remplacés, et la vision précise et détaillée qu’il avait de la société des flatteurs d’alors reste toujours d’actualité.
Autre remarque sur ce livre, c’est qu’on y a les portraits de deux pervers. Un pervers narcissique dans la personne du comte, qui rabaisse sa femme, l’accuse de tout ce qui va mal à ses yeux, et qui n’a d’attentions que pour lui-même, et d’un autre, la manipulatrice psychologique, sadomasochiste, en la personne de sa femme, experte dans l’art d’interdire à celui qu’elle aime, Félix, tout ce qui lui serait agréable et d’en souffrir à en mourir ; en tirant une dernière jouissance sublime de cette situation par la lettre qu’elle lui demande de lire après son trépas : un chef-d’œuvre de culpabilisation d’outre-tombe, une merveille de sadisme dont elle a jouit sa vie durant.